Une politique du bien-être dans l'espace public
En 25 ans d’action et de volontarisme de la gauche parisienne, le volume de la circulation des voitures à Paris a diminué de moitié, entraînant, en parallèle, une chute de la pollution, de nouveaux usages dans nos rues et une révolution des manières de se déplacer dans la ville.
Ainsi, nous avons rendu piétonnes les rues de la moitié des écoles publiques parisiennes, transformant de dangereuses, bruyantes et polluantes voies de circulation en espaces de jeu, en îlots de fraîcheur, où les enfants viennent jouer en sortant de l’école et, à certains endroits, les personnes âgées prennent l’air et le frais durant les canicules.
Nous avons fait de Paris, en quelques années seulement, une des capitales mondiales du vélo, disposant d’un réseau de voies cyclables de plus de 1 500 kilomètres, alors qu’il était quasiment inexistant en 2001. Le nombre de déplacements à vélo a depuis explosé, les Parisienss’emparant en nombre de ce nouveau réseau. En parallèle, la végétalisation de nos rues a connu une accélération spectaculaire, avec plus de 10 000 arbres plantés dans les rues et forêts urbaines durant le mandat, et près de 300 rues végétalisées.
Enfin, avec près de 2000 arrêts de bus aménagés ces dernières années, le réseau parisien a été rendu intégralement accessible aux personnes à mobilité réduite.
À Paris, la fin du tout voiture, que nous avons voulue dès 2001, nous offre ainsi des perspectives remarquables. Ces résultats sont spectaculaires et témoignent d’une volonté de transformation de notre ville, mais ils demeurent à certains égards incomplets.
Il convient d’améliorer la circulation du réseau de bus qui demeure l’outil de déplacement principal des personnes ayant des difficultés dans leurs mobilités quotidiennes. Il sera également nécessaire de prévenir au mieux les conflits d’usages et de lutter encore contre les incivilités pour que les plus fragiles n’aient pas le sentiment que les rues parisiennes leur sont plus hostiles qu’à l’ère du tout voiture.
En ce sens, il nous revient de mettre au cœur de notre politique de transformation de l’espace public la protection et le bien-être de toutes et tous et, en premier lieu, des personnes les plus vulnérables : des familles avec poussettes et enfants, aux personnes âgées en perte de mobilité, en passant par les personnes en situation de handicap.
Et en faisant de notre espace public un refuge pour eux, nous continuerons d’améliorer le quotidien de tout le monde, au travers d’une politique qui se déclinera en trois axes.

Prendre soin du réseau de bus et renforcer les lignes de proximité
Une politique de l’espace public qui vise à faciliter le quotidien des personnes qui rencontrent des difficultés pour se déplacer dans leur quotidien doit se faire dans le souci du renforcement et de la fluidité du réseau de bus. Il ne fait aucun doute qu’une politique qui vise à limiter la place de la voiture est bénéfique pour tous les transports publics, et l’on a pu constater très récemment que les bus avaient considérablement bénéficié de la refonte du plan de circulation à Paris Centre. Pour autant, la fluidité globale du réseau de bus a diminué ces dernières années, malgré la hausse sensible du nombre de couloirs de bus durant l’actuelle mandature (passant de 11,7 % du réseau fin 2020 à 16 % fin 2023 et 5 kilomètres en plus sur l’année 2024).
Pour améliorer la vitesse moyenne des bus du réseau parisien, nous ferons du développement des voies de bus un axe prioritaire de notre politique. Et, sous réserve de la bonne réussite de l’expérimentation en cours, nous doterons également les conducteurs des lignes les plus empruntées d’un déclencheur de feu vert, à l’instar de ce qui se fait déjà sur les lignes de tramways.
Au-delà, pour améliorer rapidement et de façon décisive la fluidité de l’ensemble du trafic routier, nous lutterons fermement contre le blocage des carrefours par les automobilistes, source d’une proportion importante des embouteillages à Paris.
Nous introduirons un système analogue aux célèbres « yellow box junctions » londoniens, ce marquage au sol qui indique qu’il est interdit de s’arrêter ou même de s’attarder dessus.
Ainsi, les automobilistes ne s’engagent pas sur le carrefour sans être certains de pouvoir le traverser d’un seul coup, sous peine d’être vidéo verbalisés. Cette simple mesure contribuera significativement à la réduction des temps de trajets, notamment pour les bus.
Nous préserverons enfin les « traverses », c’est-à-dire les lignes de proximité créées par la Ville de Paris dans les arrondissements insuffisamment desservis par les transports en commun. Et nous étudierons la possibilité d’en créer de nouvelles afin de faciliter les déplacements entre les quartiers.

Des quartiers piétons autour de toutes les rues aux écoles
Une politique de l’espace public qui tient compte des personnes les plus vulnérables va de pair avec l’accélération sensible de la piétonnisation de nos quartiers, à l’instar, par exemple, du nouveau cœur piéton du quartier Oberkampf où les rues sont devenues de nouveaux espaces communs et lieux de vie.
Nous partirons des 300 rues aux écoles réalisées en fin de mandat pour créer des quartiers piétons, sans circulation automobile partout où il n’y a ni ligne de bus ni sortie de parking.
C’est un bigbang de la piétonnisation que nous proposons là en faisant converger les parcours jusqu’aux écoles qui deviendront les cœurs de nos quartiers piétons.
Face aux canicules, des rues jardin comme autant de refuges pour les plus vulnérables
La troisième priorité pour le bien-être dans l’espace public, et qui d’ailleurs complète et prolonge le précédent, consiste à y créer un maximum d’îlots de fraîcheur. Nous avons déjà pu voir que les nouvelles rues aux écoles végétalisées servaient parfois, au même titre que les parcs, de lieux de refuge en journée durant les canicules, notamment pour les personnes âgées.
Pour apporter de la fraîcheur dans les rues parisiennes, nous devrons être beaucoup plus radicaux en démultipliant les rues jardin, où l’intégralité de la voirie est désimperméabilisée et la moitié végétalisée, et en travaillant activement avec les bailleurs sociaux et les copropriétés pour végétaliser les façades.
Ainsi, par l’effet combiné du retrait de l’asphalte, de l’ombre créée par les nouvelles plantations, de l’évapotranspiration, de la circulation de l’air, nous ferons de ces rues jardin des lieux refuge durant les canicules, notamment pour tous ceux qui vivent dans des appartements en surchauffe.
Notre vision est donc celle d’un espace public qui, ayant tourné la page de l’hégémonie automobile, doit être un lieu de refuge et de bien-être. Le chemin pour y parvenir nécessitera du volontarisme, puisqu’il supposera, encore et avant tout, de faire davantage reculer la place des voitures. C’est un combat politique qui nous attend et que nous devrons mener pour la santé et la qualité de vie des Parisiennes et des Parisiens.
Signataires : Rémi Féraud, sénateur PS de Paris, candidat à la Mairie de Paris ; Alexandra Cordebard, maire du 10e arrondissement ;François Dagnaud, maire du 19e arrondissement ; Éric Lejoindre, maire du 18e arrondissement ; Eric Pliez, maire du 20e arrondissement ; François Vauglin, maire du 11e arrondissement ; Ariel Weil, maire de Paris Centre ; Thomas Chevandier, Lamia El Aaraje et Christophe Najdovski, adjoints à la maire de Paris ; Colombe Brossel et Marie-Pierre de la Gontrie, sénatrices de Paris.
Tribune parue sur le site de L’Humanité le 23 janvier 2025